Le château de la Rache (rue Jean Jaures) " Le château est une vaste demeure dont la partie gauche, les communs, date du XVIIème et la partie droite, les salons et chambres, du XVIIIème siècle. Autrefois un petit oratoire flanquait la façade à gauche du perron. Le château apparait dans des actes passés en 1740, 1743 et 1745. Dans l’inventaire de 1745 des biens de Pierre-Ignace COËNE y CANT, seigneur du Pilloy à Santes, fut mentionnée sa maison de plaisance à Santes héritée de ses grands-tantes Jossine et Christine-Adrienne CANT. On ignore si les deux sœurs, décédées célibataires, firent construire cette demeure ou l’achetèrent. Pierre-Ignace COËNE y CANT, né en Espagne à Séville, résidait à Lille rue des Jésuites, et venait à Santes profiter du calme qu’offrait sa maison de campagne dont le concierge était en 1743 Pierre-Joseph WILLEMS. " " La maison de campagne devint ensuite la propriété de la famille FRUICT. En 1756, elle était dénommée « le château de Monsieur FRUICT ». Jean-Joseph FRUICT, d’une famille de marchands de Douai installés à Lille à la fin du XVIème siècle, fut bourgeois de Lille par relief en 1733, échevin de Lille et conseiller-secrétaire du roi. Après son décès en 1767, sa fille Marie-Pélagie FRUICT, épouse de Jean-Baptiste-Charles-André-Hyacinthe CHAPPE de la HENRIÈRE, écuyer, officier au régiment du Piedmont puis lieutenant au gouvernement d’Etain en Lorraine, hérita du château qu’elle vendit le 18 décembre 1776 (quelques mois après le décès de sa mère) à la famille LEJOSNE. Le château était alors décrit comme une maison de campagne avec basse-cour, jardin, verger et potager comprenant 11 cens 54 verges (1ha 02a 24). " Le château et son parc sur le cadastre de 1814 Amé-Philippe-François LEJEUNE alias LEJOSNE (1721 Douai - 1785 Santes), avocat au parlement de Flandre, y demeura régulièrement avec son épouse Louise-Joseph FAULCONNIER dont il eut au moins six enfants. Amé-Philippe-François LEJOSNE décéda dans son château le 9 août 1785 à 64 ans et il fut inhumé dans le cimetière de Santes tout comme son petit-fils Paul LEJOSNE décédé au château le 12 janvier 1790. Pierre LEJOSNE fut guillotiné à Lille en 1794. Son frère Etienne LEJOSNE fut maire de Santes de 1803 à 1811. Durant son mandat le château servit de mairie. En 1875, le château fut acheté par Henri Labbe, président du tribunal de commerce de Lille. Son fils Henry fut artiste-peintre et écrivit une histoire de Santes. Il avait fréquenté les cours des peintres d’Alphonse COLAS à l’école des Beaux-Arts de Lille. Il côtoya le peintre bailleulois Pharaon de WINTER à ses débuts. " Le château vu du parc en 1908 Le porche en 1908 " " Le porche en 1991 " Plaque apposée sur le porche et portant la mention : Porche de l’ancienne verrerie royale de Lille édifié en 1749 rue St-Sébastien par le faïencier Joseph Boussemart fondateur de l’industrie du verre en cette ville & réédifié ici en 1900 par Henry Labbe arrière-neveu de Bernard Rousselle dernier gentilhomme-verrier de la manufacture lilloise. Le porche du château, daté de 1749, est le porche de l'ancienne verrerie royale de Lille de la rue St-Sébastien, réédifié à Santes en 1900. Henry Labbe fit démonter en 1900 le porche de l’ancienne verrerie pour le faire remonter à l’entrée de son château. La verrerie de Lille avait été autorisée en 1735 par une ordonnance royale suite à la demande de Marie-Barbe FEBVRIER et de son gendre Joseph-François BOUSSEMART, entrepreneur d’une manufacture de faïence à Lille. La verrerie fut édifiée rue St-Sébastien à côté de la manufacture de faïence et son porche fut construit en 1749. Elle fut reprise en 1775 par François DUROT puis en 1777 par son associé Bernard ROUSSELLE. Henry LABBE était par sa mère et suite à un mariage consanguin de ses grands-parents maternels un arrière-petit-fils à la fois de Pierre ROUSSELLE et de Jean-Baptiste ROUSSELLE, frères cadets de Bernard. " Henry LABBE, son épouse et leur fille demeurèrent dans leur château jusqu’en mars 1918. En 1918, les Allemands qui occupaient Santes depuis octobre 1914 aménagèrent derrière le château un aérodrome. Neuf constructions dont six hangars construits juste en bordure du parc, pour être dissimulés par la végétation servaient à entreposer les avions. " Les hangars construits derrière le parc du château (Ospray Aircraft of the Aces n°71, HAC / UTD) " Adolf GUTKNECHT devant son Fokker sur l’aérodrome de la Rache (Ospray Aircraft of the Aces n°63 W Warmoes Collection) La Jasta 43, la Jagdstaffel : une escadrille de chasse comptant environ une douzaine d’avions pour une dizaine de pilotes, fut présente à Santes du 20 mai au 22 août 1918. Parmi les pilotes figuraient l’obertleutenant Adolf GUTKNECHT chef de la Jasta 43, le lieutenant Josef RAESCH et le lieutenant de réserve SIMONS. Leurs avions étaient des Fokker D. VII (Albatros) et des Pfalz D XII. L’aérodrome fut bombardé le 16 août 1918 par un escadron australien de l’aviation britannique, blessant deux mécaniciens et détruisant trois avions. La Jasta 43 partit le 22 août pour Seclin. " Le bombardement de l’aérodrome de la Rache en août 1918 (Australian War Memorial) En mars 1918 l’autorité allemande déporta toute la population santoise vers la Belgique. Henry LABBE, son épouse et leur fille quittèrent Santes et séjournèrent en Belgique avant d’être rapatriés avec les autres Santois par la Croix Rouge via la Suisse. Arrivés au centre d’accueil des réfugiés ouvert dans le casino d’Evian, ils furent dirigés vers la Bretagne à St-Martin-des-Prés. Ils furent hébergés au manoir de Cléhunault, habité par la famille MEHEU. Henry LABBE y décéda le 3 janvier 1919 à 74 ans. A gauche du grand portail de l’église St-Pierre, une pierre incrustée dans le mur du clocher et une tombe rappellent sa mémoire et celle de ses parents. " |