SANTES et le PROTESTANTISME

Au XVIème siècle avec l’apparition de la Réforme, le protestantisme a touché Santes comme ses environs. Le village a été mêlé aux événements qui bouleversèrent la région et un noyau de protestants y fut présent jusqu’au début du XVIIIème siècle avant de prendre le chemin de l’exil.

Les troubles du XVIème siècle


A la fin du Moyen Age les abus de l’Eglise et de Rome furent vivement dénoncés, que ce soit la richesse du clergé, ses mœurs, son manque d’instruction, ses pratiques et la vente des indulgences. Les idées réformatrices lancées par Martin LUTHER, et par Jean CALVIN prônaient la libre interprétation de l’Ecriture, le chrétien n’assurant son salut que par sa foi et non par les œuvres. Elles reposaient sur l’importance de la lecture de la Bible et de la prédication, rejetaient le célibat des prêtres, la hiérarchie ecclésiastique, le culte des saints, des reliques et de la Vierge pour un retour à l’Eglise primitive priant directement Dieu sans passer par toute une série d’intercesseurs. Les sacrements étaient réduits au baptême et à la Cène mais dans laquelle ils ne voyaient pas une transformation du pain et du vin en sang et corps du Christ.
Peu à peu les idées de la Réforme se répandirent en Allemagne, en Suisse, en France et ici dans les Pays-Bas espagnols. Malgré la répression établie par Charles Quint puis par son fils Philippe II, les idées progressèrent et les prêches clandestins se multiplièrent autour d’Estaires, La Gorgue, Boeschèpe, Bailleul, Mouvaux, Roubaix. Des baptêmes et des mariages furent célébrés selon le rite calviniste. De plus la crise économique, qui sévissait à cette époque, accrût le mécontentement du peuple qui se montra d’autant plus réceptif aux idées nouvelles.
Parallèlement à la crise religieuse, une crise politique se développa. La volonté du roi d’Espagne d’établir l’Inquisition dans nos provinces souleva une partie de la noblesse qui refusa cet accroissement du pouvoir royal et qui se fédéra en signant un compromis et en prenant le surnom des « Gueux ».
En 1566, éclata le mouvement iconoclaste dit aussi des casseurs d’images. Les protestants, soutenus par quelques seigneurs locaux comme Jean Le SAUVAGE seigneur d’Escobecques, saccagèrent les églises détruisant vitraux et statues. Des châtellenies de Bailleul, Bergues et Cassel, le mouvement s’étendit au nord vers Gand et au sud vers Lille et Valenciennes, surnommée la Genève du Nord par l’importante présence calviniste.
Le Baron de RASSENGHIEN, seigneur de Lomme et gouverneur de Lille, protégea Lille du mouvement iconoclaste. A Seclin, les paroissiens s’opposèrent aux iconoclastes, comme à Wavrin et Gondecourt où les habitants les poursuivirent jusque dans les marais voisins. L’église de Santes semble avoir échappé au saccage.
La volonté du roi d’Espagne de mettre fin militairement à ces désordres accrût le mécontentement de plusieurs seigneurs qui portèrent leurs espoirs sur trois d’entre eux pour prendre la tête de la lutte : Guillaume de NASSAU, prince d’Orange, gouverneur de Hollande et Zélande et les cousins de sa première femme, Lamoral d’EGMONT seigneur d’Armentières et Philippe de MONTMORENCY comte de Hornes.
Fin 1566, une partie des iconoclastes fut massacrée près de Wattrelos et de Lannoy par le baron de RASSENGHIEN et par le seigneur de NOIRCAMES gouverneur de Valenciennes. L’arrivée du duc d’Albe et de ses terribles tercios envoyés par le roi d’Espagne annonça la répression qui allait s’abattre sur les Pays-Bas espagnols pour rétablir le culte catholique et mettre fin aux désordres politiques et religieux : exécutions des calvinistes, confiscation des biens, destruction des temples protestants et en 1567 l’arrestation des comtes d’Egmont et de Hornes. A Santes, les confiscations concernèrent les biens appartenant à Jean Le SAUVAGE, seigneur d’Escobecques, qui habitait au château de Ligny. Il avait fui avec Guillaume de NASSAU et il fut banni en 1568. Ses biens se localisaient à l’extrémité du territoire de Santes au Brulle, près de Ligny comprenant des maisons et la cense du Brulle avec jardins et prés sur 3 bonniers (4 hectares 25) et des terres à labour sur 9 bonniers 6 cens (13 hectares 29).

Outre les prêches clandestins puis l’agitation iconoclaste dans les environs de Santes, le mouvement politique eut un écho particulier dans le village.
Le seigneur de Santes en 1567 était un jeune garçon de treize ans, Philippe-Guillaume de NASSAU, qui n’était autre que le fils aîné du prince d’Orange Guillaume de NASSAU et d’Anne d’EGMONT, comtesse de Buren décédée en 1558. Philippe-Guillaume avait hérité de la seigneurie de Santes en 1562 à la mort de sa grand-mère maternelle Françoise de LANNOY, dame de Santes et de Lannoy, veuve du comte de Buren Maximilien d’EGMONT.
En 1567, avant de fuir pour l’Allemagne pour échapper aux arrestations, Guillaume de NASSAU avait rendu visite à son fils à l’université de Louvain où il le laissa le croyant protégé par les privilèges de l’université. De plus la présence de son fils catholique et de surcroît filleul du roi Philippe II pouvait lui assurer un éventuel retour.
Mais face aux menées de Guillaume d’Orange dans son soutien persistant à la religion réformée et à la lutte contre l’autorité espagnole, le roi Philippe II fit enlever en 1568 dans l’université de Louvain le jeune seigneur de Santes et le transféra comme otage en Espagne afin de faire pression sur son père. La même année, les comtes Lamoral d’EGMONT et Philippe de MONTMORENCY, étaient décapités sur la grand’ place de Bruxelles.

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Philippe-Guillaume de NASSAU prince d’Orange. Seigneur de Santes de 1562 à 1610

Le jeune seigneur de Santes âgé de quatorze ans séjourna à la cour du roi Philippe II son parrain. Traité avec certains égards, il put faire ses études à l’université d’Alcala de Henares. Cependant ses biens furent confisqués, comme sa seigneurie de Santes, et mis sous la tutelle de BERLAYMONT. Son père, qui se convertit au calvinisme, poursuivit sa politique d’opposition au roi d’Espagne et prit la tête des provinces du nord des Pays-Bas espagnols en majorité protestantes. Il devint en 1576, suite à la Pacification de Gand, gouverneur de ces sept provinces qui firent définitivement sécession en 1579 par l’Union d’Utrecht. Les Pays-Bas espagnols étaient définitivement scindés en deux : au nord les sept Provinces dirigées par Guillaume d’Orange et qui prirent le nom de Provinces-Unies (actuellement les Pays-Bas) et au sud le reste des Pays-Bas espagnols (actuellement la Belgique et le Nord-Pas-de-Calais).
 
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L’université d’Alcala de Henares où le seigneur de Santes fit ses études durant sa captivité en Espagne. 2010


En 1578, Philippe-Guillaume toujours otage fut interné à la forteresse d’Arévalo au nord de Madrid et y resta encore plusieurs années malgré l’assassinat de son père en 1584. La famille NASSAU proclama alors Philippe-Guillaume nouveau prince d’Orange, mais en son absence ce fut son demi-frère Maurice, né du second mariage de Guillaume avec Anne de SAXE, qui devint gouverneur des Provinces-Unies. L’intercession de l’infant Philippe et de sa sœur l’infante Isabelle, auprès de leur père Philippe II pour obtenir sa libération, ne réussit pas à faire plier le roi. Philippe-Guillaume resta 27 ans otage des Espagnols, sa détention n’ayant pas réussi à détourner son père de sa lutte, ni à empêcher son demi-frère de prendre la relève. Il avait 41 ans quand le roi consentit enfin à le libérer en 1595 et à lui restituer ses biens confisqués dont sa seigneurie de Santes.
En 1598, il vint en Flandre visiter ses possessions et il fit son entrée dans sa ville de Lannoy le 27 janvier 1598. Cependant son demi-frère Maurice de NASSAU lui fit savoir qu’il n’était pas attendu aux Provinces-Unies, se méfiant de ce frère aîné, héritier en titre, resté catholique et hispanisé. De plus son voyage en Espagne en 1599 pour le double mariage princier, celui de l'infante Isabelle et celui du nouveau roi Philippe III qui avaient tous deux intercédé en sa faveur pour obtenir sa libération, fut mal compris.
Philippe-Guillaume fut fait chevalier de l’ordre de la Toison d’Or en 1599 par le roi Philippe III et il épousa en 1606 une française, Eléonore Charlotte de BOURBON fille du prince de Condé, cousin du roi de France Henri IV.
En 1610, il vendit sa seigneurie de Santes et décéda à Bruxelles en 1618. Il est inhumé dans l’église St-Sulpice de Diest en Belgique et n’eut pas de descendance.



La communauté protestante de Santes


Les protestants, appelés Réformés ou Huguenots, étaient considérés comme des hérétiques par l’Eglise catholique. La répression implacable, qui s’abattit sur eux, les contraignit à fuir à l’étranger ou à pratiquer leur croyance dans la clandestinité suivant les rites catholiques comme façade.
L’envoi au XVIIème siècle de ministres réformés par le Synode de l’Eglise Wallonne de Hollande pour organiser des prêches clandestins et pour distribuer des bibles permit à la communauté protestante des environs de Lille de ne pas disparaître complètement. En 1668 quand la région lilloise passa des mains de l’Espagne à celles de la France lors de l’invasion des troupes de Louis XIV, la politique de répression se poursuivit. Les édiles de Lille, lors de la reddition de la ville, avaient obtenu que seule la religion catholique soit autorisée. Ce qu’accepta volontiers Louis XIV opposé au protestantisme et qui en 1685 devait révoquer l’Edit de Nantes. Cet édit, signé en 1598 par son grand-père Henri IV, avait établi en France la tolérance religieuse envers les Huguenots. La répression espagnole puis française amena ainsi bon nombre de Réformés à s’exiler.
Concernant la communauté protestante à Santes, les sources sont assez rares mais quelques traces surgissent par période, notamment dans la seconde moitié du XVIIème siècle et au début du XVIIIème au moment de l’occupation hollandaise de 1708-1713 et lors de son exil. Le chemin de l’exil que suivirent les protestants de la région lilloise les amena vers la Hollande, l’Angleterre ou l’Allemagne. Certains trouvèrent refuge à Groede en Hollande, à Sus près de Gand ou en Artois dans le royaume de France notamment dans les environs de Calais qui bénéficiait encore avant 1685 de l’Edit de tolérance de Nantes. Au cours du XVIIème siècle c’est par centaines que des familles de la région lilloise fuirent notamment aux Pays-Bas.
          
En 1680, Simon PINTE fils d’Engrand, marié à Santes en 1664 à Gabrielle DURIEZ, se trouvait à Mannheim au Palatinat Electoral, région allemande en bordure du Rhin. Il revint à Santes en février 1680 pour régler des affaires : bailler une maison et une terre situées à Santes, vendre des arbres croissant sur celle-ci et vendre deux autres maisons situées dans le quartier de la Lacherie et en bordure des marais. Le même mois, était probablement revenu avec lui Jean DEFIVES, originaire de la région lilloise, fermier au Palatinat, qui vendit des terres à Marquillies.
Au début du XVIIIème siècle, se trouvait également au Palatinat une autre famille santoise : les CORNILLE. Jacques CORNILLE et sa sœur Catherine étaient en 1732 fermiers à la métairie de Merlem près de Landau (probablement Mörlheim à l’est de Landau) et leur frère Jean CORNILLE était bourgeois à Winden, située au sud de Landau. Leurs deux autres sœurs demeuraient en Alsace : Rachelle était l’épouse de Pierre HERBIN bourgeois de Schleithal et Françoise était l’épouse de Jacques LUROT, bourgeois de Bischwiller. Tous les cinq étaient les petits-enfants de Bernard CORNILLE, lieutenant de Santes, décédé à Santes en 1693. Leur famille était liée au protestantisme santois : leur tante Françoise CORNILLE était l’épouse de Jean DEHULLU qui partit pour la Hollande en 1713, tout comme une autre tante, Jeanne Françoise épouse de Jacques DEHULLU, cousin de Jean, qui partit également pour la Hollande avant de revenir à Santes.
De nombreux protestants trouvèrent refuge au Palatinat Electoral où l’Electeur Charles-Louis les accueillit en les exemptant de taxes afin de repeupler et de reconstruire cette région dévastée par la guerre de Trente ans. L’attrait économique de trouver des terres où s’installer était aussi un facteur favorisant l’exil. Parmi les autres exilés présents au Palatinat dans les années 1679-1682, figurent des familles originaires de Sainghin-en-Weppes, Marquillies, Herlies comme les BOCQUET, LEMOINE, BAUDRY, CRESPEL vivant à Steinville, Billigheim, Franckenthal. Une autre famille CRESPEL qui possédait des terres à Wicres et des DUMEZ et HENNEQUIN de Radinghem et d’Herlies fuirent en Hollande à Groede et dans ses environs dans les années 1682-1698.

Groede, située à l’est de Cadzand dans la province de la Flandre zélandaise aux Pays-Bas, était un refuge des Huguenots français. Dès 1617 ils y trouvèrent refuge rejoints après 1685 par l’exil de l’importante communauté protestante de Calais et de Guînes suite à la révocation de l’Edit de Nantes. Ce coin des Pays-Bas, le plus proche de Lille, fut la direction principale que choisirent aussi les protestants santois pour leur exil.
Parmi les Santois qui suivirent cette destination, une des premières fut Marie-Madeleine DEHULLU, fille d’une des principales familles de Santes. Son frère Jean DEHULLU, et avant lui son père Jacques DEHULLU, était fermier de la cense du Bois de la Rive, une des plus grosses fermes, propriété du seigneur de Santes, Joseph de ROBLES, comte d’Annappes. Elle quitta Santes pour Cadzand où furent publiés dans l’église wallonne le 5 décembre 1697 les bans de son mariage avec Arnould DUHAYON originaire de Wavrin. Marie-Madeleine fut la première de la famille DEHULLU à tomber le masque catholique. Un autre Santois Charles DELAHAYE partit aussi pour la Hollande et se trouvait en 1703 à Oostburg, ville située à quelques kilomètres au sud de Cadzand. A cette époque, d’autres Santois, qui n’étaient pas partis, osèrent afficher leur croyance ce qui amena le curé de l’église St-Pierre, Philippe DE PARIS à refuser la sépulture ecclésiastique à trois protestants : en 1700 à Venant DELAHAYE, en 1707 à Pierre DELOBEL époux de Marie DEHENNIN et en 1708 à Nicolas DELAHAYE 28 ans fils de Nicolas.

La situation internationale modifia en 1708 le sort des protestants santois. Durant la guerre de Succession d’Espagne, la défaite française à Ramillies en 1706 fut suivie de la chute de Menin en 1707, de Lille en 1708 et de Douai et Tournai en 1709. La région lilloise fut ainsi occupée de 1708 à 1713 par les troupes hollandaises. La célébration du culte protestant en néerlandais pour les soldats mais aussi en français pour les régiments suisses provoqua l’affluence des populations locales dans les églises de garnison. Les protestants de la région osèrent pratiquer ouvertement leur croyance et sortir de la clandestinité. D’autres furent de nouveaux convertis face au prosélytisme de certains pasteurs.
Le mouvement fut cependant de taille car dès le 6 avril 1709, soit quatre mois après la reddition de Lille, ce furent 206 familles soit près de 846 personnes qui à Lille renoncèrent publiquement à la religion catholique et promirent publiquement de vivre et mourir dans la religion réformée. Les familles venaient de Templeuve-en-Pévèle, Louvry, Cysoing, Quesnoy-sur-Deûle, Frelinghien, Verlinghem, Houplines, Prémesques, Marquette, Lille et Santes. Vingt familles santoises étaient présentes représentant 69 personnes dont les familles DEHULLU, DELAHAYE, PINTE, BUISINE, BURETTE, DEROULERS, COGET...

Lille le 6 avril 1709
Familles de la Châtellenie de Lille qui ont renoncé publiquement à la religion romaine et promis de vivre et mourir dans la religion réformée.
[…]
Village de Santes
DE HULLU Jean et 4 enfants                                        
DE HULLU Antoine
MILLECHAMPS François                                        
DE LA HAYE Marianne et Albertine
BUISINE Jacques Albert                                        
BUIRET Jean, sa femme, 2 enfants
PAINTE François                                                  
PAINTE Jean, sa femme, 4 enfants
DE HULLU Jacques, sa femme                                        
DE LA HAYE François, sa femme, 5 enfants
DE LA HAYE Nicolas, sa femme, 2 enfants                    
DE LA HAYE Jean, sa femme, 4 enfants                              
DE TILLEUL Antoine et ses 2 sœurs
BOUILLART Claire et 2 enfants
PINTE Jean, sa femme, 4 enfants                              
DROLERS Nicolas
BUISINE Michel et sa sœur                                        
DE HULLU Jean, sa femme, 4 enfants
COGETS Pierre, sa femme, 2 enfants                              
PINTE Jacques et 3 enfants

Liste dressée par Jacques CHION pour le Conseil des Etats de La Haye.
(Lire PINTE pour PAINTE, BURETTE pour BUIRET, DEROULERS pour DROLERS)

La Hollande décida de créer des Eglises Réformées à Lille, Douai, Armentières, Menin, Tournai et envoya des pasteurs et des bibles, ainsi que des maîtres d’école pour soustraire les enfants à l’influence de l’enseignement catholique. Elle envoya des objets pour le culte et ordonna aux autorités villageoises de mettre à la disposition des protestants des cimetières décents. Ainsi Jean DEHULLU, fermier du Bois de la Rive, deux fois veuf, épousa en troisièmes noces Anne SIX le 24 novembre 1709 à l’Eglise Réformée de Lille. Sa nièce Jeanne DEHULLU y fut baptisée selon le rite protestant le 26 février 1710. Le père de Jeanne, Antoine DEHULLU, qui était présent au renoncement public du 6 avril 1709, était décédé la même année à Santes où le curé lui avait refusé la sépulture ecclésiastique. D’autres Santois firent baptiser leurs enfants à Lille : Jacques Florent LEGRAND y fit baptiser le 11 janvier 1711 son fils Abraham né le 9, Jacques PINTE y fit baptiser le 19 juillet 1711 son fils Jacques né le 18 juillet et Jean PINTE y fit baptiser le 19 juin 1712 son fils Jacques François.
Cet essor de la religion réformée accrût l’hostilité avec le curé de Santes Philippe DE PARIS qui continua de refuser la sépulture à douze autres Santois et Santoises décédés entre 1709 et 1712. L’emplacement du cimetière protestant n’est pas connu.

Noms des défunts qui sont privés de sépulture ecclésiastique pour hérésie :

Venant DELE HAIE.  1700
Nicolas DELEHAIE fils de Nicolas. 1708
Pierre DELOBEL mari de Marie DEHENNIN. 1707
Jean François PINTE fils de François. 1709
François PINTE mari de Marie ROHART. 1709
Nicolas DEHULLU mari de Michelle MASURE. 1709
Antoine DEHULLU fils de Jacques. 1709
Nicolas DELEHAIE mari de Marie Madeleine BURIETZ. 1710
Marie DEHENNIN veuve de Pierre DELOBEL. 1711
Jean Baptiste DELEHAIE fils de Nicolas. 1711
Marie Catherine POLICQUE épouse de Jean DELEHAIE. 1712
Jacques CAQUAN mari de Marguerite BUISINE. 1711
Marc Antoine PINTE fils de Jacques et d’Anne DEMAUGRE. 1712
Jean HAZEBROUCQ fils de Laurent et de Jeanne LEFEBVRE. 1712
Jean François DELEHAIE fils de Jean et de Marie Catherine POLIQUE. 1712


Les années 1712 et 1713 marquèrent un tournant pour les protestants de la région par les victoires françaises. Le traité d’Utrecht signé en avril 1713 rendit à la France ses territoires perdus, comme Lille, Douai, Béthune, donnant un coup d’arrêt aux Eglises Réformées récemment installées. Les troupes hollandaises quittèrent en juin 1713 la région lilloise exceptée à Menin et Tournai où l’Eglise Réformée put ainsi se maintenir. Pour les familles protestantes ce fut l’heure du dilemme. Rester et suivre à nouveau la religion officielle du vieux roi catholique Louis XIV ou s’exiler mais pouvoir pratiquer librement leur croyance.
Une vingtaine de familles santoises décida de quitter Santes. Pour celles qui restèrent, l’espoir d’une quelconque tolérance ne fut pas permis car le retour à l’ordre ancien fut brutal. Le 25 octobre 1713, le curé DE PARIS rebaptisait selon le rite catholique deux enfants, Abraham LEGRAND et Jacques François PINTE, baptisés en 1711 et 1712 par un « hérétique » comme le qualifia le curé dans les nouveaux actes de baptême qu’il rédigea.
La Hollande n’avait pas laissé tomber la communauté protestante qu’elle avait contribué à développer et lui avait cherché une terre d’asile. En Allemagne, le landgrave de Hesse ne voulait accueillir que des marchands et des artisans. En Prusse, où la communauté huguenote était déjà importante, le roi donna son accord mais sa mort au début de l’année 1713 stoppa le projet. La Hollande restait pour beaucoup de protestants la destination favorite. Les dirigeants hollandais estimant qu’il n’y avait pas assez de terres pour accueillir ces exilés, en majorité des paysans, reprirent les pourparlers avec le nouveau roi de Prusse. Mais devant l’urgence de la situation, la date d’évacuation des troupes stationnées à Lille approchant, certaines familles chargèrent sur des chariots leurs biens et fuirent vers la Hollande escortées de soldats les protégeant de la foule qui les insultait. Les réfugiés affluèrent ainsi à Menin puis à Rotterdam et Amsterdam et le gouvernement hollandais les répartit dans le pays. Plus de trois cents furent établis à Cadzand.
Les Santois qui avaient en avril 1709 renoncé publiquement à la religion catholique prirent le chemin de l’exil, rejoignant en Flandre zélandaise la communauté protestante française expatriée qui y était déjà bien implantée et organisée. Ces familles s’installèrent ainsi à Cadzand, Groede, Aardenburg, Nieuwvliet… Si dans ces régions les terres à l’embouchure de l’Escaut étaient peu nombreuses, elles étaient cependant à mettre en valeur pour les soustraire aux inondations chroniques.

L’autre problème était celui des biens des exilés. La plupart étaient des paysans assez aisés et propriétaires terriens. Dès les premiers mois de 1713, devant la rumeur des négociations de paix, certains avaient déjà vendu leurs biens en vue de leur départ. Devant la crainte d’une déclaration illégale de ces ventes par la France et même d’une confiscation comme en 1685 lors de la révocation de l’Edit de Nantes, la Hollande obtint dans le traité d’Utrecht une clause spéciale. Les populations des territoires rendus à la France étaient autorisées à partir et à disposer librement de leurs biens meubles ou immeubles avant et après leur départ.
Certains vendirent et d’autres, pensant peut-être à un éventuel retour, avaient gardé leurs terres. Ainsi en février 1713 avant de partir, François MILLECAMPS vendit à son frère sa part d’héritage sur une maison et Pierre COGET vendit une maison et régla ses dettes. En mars 1713, Jean DEHULLU, époux de Catherine BUISINE, régla un partage de biens avec son frère Jacques. En mai 1713, Jean DEHULLU, cousin du précédent et époux d’Anne SIX, vendit à son fils Nicolas une partie de ses biens et les droits sur les baux de maisons et de terres. La famille DEHULLU avait trouvé une solution. Nicolas, l’aîné des fils de Jean DEHULLU, resta à Santes et redevint catholique. Marié en 1712 à Marie Madeleine FREMAUX, il géra les terres de la famille et prit la succession de la ferme du Bois de la Rive quand son père Jean prit le chemin de la Hollande avec ses trois demi-frères et sœur et avec ses oncles, cousin et cousines.
Mais devant l’installation définitive en Zélande, plusieurs Santois revinrent ensuite à Santes pour liquider leurs affaires, et ainsi se procurer du numéraire afin d’investir dans l’achat de terres dans leur nouveau pays d’adoption. Jean PINTE installé à Nieuwvliet vint à Santes dès juillet 1713 pour vendre une terre à son neveu prénommé aussi Jean PINTE et laboureur à Santes. Ce dernier avait été protestant. Jean DEHULLU demeurant à Cadzand vint à Santes en novembre 1728 avec les procurations de ses enfants pour vendre des biens à son fils Nicolas fermier du Bois de la Rive et lieutenant de Santes. Son neveu Louis LEMAHIEU, époux de Marie Madeleine BURETTE (fille de Marie DEHULLU) vint à Santes en 1727 pour vendre également à Nicolas DEHULLU une terre au chemin de Neuville et il revint en juin 1730 pour un arrangement sur les biens du côté BURETTE. La même année il donna procuration à Jean LEFEBVRE pour vendre une terre et une maison à la Lacherie.
Il semble que peu de personnes revinrent s’installer à Santes ; un couple sans enfant : Jacques DEHULLU et son épouse Jeanne Françoise CORNILLE, Jean BURETTE et son épouse Marie DEHULLU, et peut-être Claire BOULART et Jean PINTE et son épouse Anne HAZEBROUCQ.

Au début de leur arrivée en Zélande les Santois se marièrent principalement au sein de la communauté exilée en 1713. Ainsi Marie-Madeleine BURETTE épousa en 1718 à Cadzand Louis LEMAHIEU de Wambrechies. Jean DEHULLU, fils de Jean épousa en 1732 à Groede Marie Madeleine PINTE de Santes. Marie Catherine COGET épousa en 1716 à Cadzand Jean Baptiste BLANQUART de Marquillies. Marie Catherine DEHULLU fille de Jean épousa en 1718 à Groede Mathieu DELAHAYE de Santes également… Puis les mariages se conclurent avec la communauté huguenote de Calais présente depuis 1685 et avec la population zélandaise adoptant peu à peu leurs coutumes et leur langue. La communauté santoise s’installa donc définitivement et y acheta des terres et des fermes à l’instar de Jean DEHULLU et de son épouse Anne SIX qui achetèrent en février 1721 une ferme au Tienhonderdpolder à la sortie du village de Cadzand.
La branche hollandaise de la famille DEHULLU eut plus de 819 descendants portant ce nom de famille et compte aujourd’hui de nombreux descendants toujours installés à Cadzand, Groede, Nieuwvliet et Oostburg. Une partie des descendants partit aux USA et porte le nom DELUE. Les DEHULLU gardèrent toujours le souvenir de leur terre natale. A la fin du XVIIIème siècle, Izaak et Abraham DEHULLU vinrent à Santes où leur grand-père Jacques était né et se rendirent à la ferme du Bois de la Rive, alors encore entre les mains d’un DEHULLU. En juillet 1896, l’archiviste Johannes DE HULLU vint à Santes visiter l’église et effectuer des recherches dans les registres paroissiaux conservés en mairie, ce qui lui permit de publier une généalogie de sa famille.

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Eglise du village de Cadzand où s’implantèrent des DEHULLU, BUISINE, BURETTE, DELAHAYE, COGET

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Le Tienhonderdpolder à la sortie de Cadzand où Jean DEHULLU acheta une propriété en 1721 après son exil de Santes. Au fond emplacement de sa ferme.

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Eglise du village de Groede où s’implantèrent des PINTE et des DEHULLU

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Entrée de la ville d’Aardenburg où s’installa une BUISINE

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Partie du cimetière de Nieuwvliet réservée à la famille DE HULLU.
A gauche la stèle blanche est la tombe de Abraham DE HULLU (1775-1859) petit-fils de Jacques DEHULLU né à Santes en 1704, mort à Cadzand en 1778

                
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Izaak Jannis DE HULLU (1858-1931) et son épouse Magdalena Cathelyntje RISSEEUW (1858-1926). Il descend de Pieter DE HULLU (1772-1851) frère d’Abraham (1775-1859)



Liste partielle de la communauté protestante de Santes :

Famille DEHULLU :
- DEHULLU Jean, né à Santes en 1660, fils de Jacques et de Anne FREMAUX.
Décédé à Cadzand (NL) le 16 mars 1729.
Il épousa en 1ères noces en 1685 à Santes Marie BATAILLE décédée à Santes en 1686, dont il eut un fils :
DEHULLU Nicolas né à Santes en 1686. Il épousa en 1712 à Santes Marie-Madeleine FREMAUX. Il ne quitta pas Santes et fut fermier du Bois de la Rive. Il décéda à Santes en 1730. Sa descendance habite toujours à Santes : familles LAREJOUISSANCE, DHULLU.

Jean épousa en secondes noces Françoise CORNILLE, fille de Bernard et de Marie Madeleine DEROULERS, décédée à Santes en 1707, dont il eut quatre enfants :
DEHULLU Jean né à Santes en 1702. Il épousa en premières noces le 31 mai 1732 à Groede (NL) Marie-Madeleine PINTE, née à Santes. Il décéda à Groede le 12 mai 1763.
DEHULLU Jacques, né à Santes en 1704. Il épousa le 28 mai 1729 à Cadzand (NL) Elisabeth LEMEY, née à Wambrechies. Il décéda à Cadzand le 4 janvier 1778.
DEHULLU Marie Madeleine (1705 Santes – 1706 Santes)
DEHULLU Marie Madeleine née à Santes en 1707. Elle épousa le 15 mars 1727 à Cadzand (NL) Isaac PORREY, décédé en 1746. Elle épousa en secondes noces à Cadzand en mars 1750 Adriaan GEERINGS. Elle décéda le 31 janvier 1780 à Oostburg (NL).

Jean épousa en troisièmes noces le 24 novembre 1709 à l’église réformée de Lille Anne SIX, veuve de Jean DESRUMAUX, demeurant à Wambrechies. Elle décéda à Cadzand (NL) le 22 mai 1721.
Il était à Lille le 6 avril 1709 avec ses quatre enfants : Nicolas, Jean, Jacques et Marie-Madeleine à la renonciation publique. Il quitta Santes en 1713 pour la Hollande et il s’installa à Cadzand avec sa troisième épouse et les enfants de son second mariage. Il est l’ancêtre de la nombreuse descendance DE HULLU aux Pays-Bas. Son fils aîné Nicolas resta à Santes et redevint catholique.

- DEHULLU Anne née à Santes en 1661 de Jacques et de Anne FREMAUX.
Décédée à Santes en 1694, elle avait épousé à Santes en 1683 Jacques Albert BUISINE né à Santes de Jacques et de Antoinette TREHOU. Elle eut trois enfants. Jacques Albert BUISINE était à Lille le 6 avril 1709 pour la renonciation publique. Il quitta Santes en 1713 avec sa fille.
BUISINE Marie-Anne née à Santes en 1683. Elle épousa à Santes en 1708 Godefroy DEMARQUILLY né à Wavrin. Elle eut entre autres une fille Marie Angélique DEMARQUILLY baptisée le 20 novembre 1710 à l’église réformée de Lille. Elle partit pour la Hollande et demeurait en 1721 à Aardenburg (NL). Elle décéda à Cadzand (NL) en novembre 1728 épouse en secondes noces de Gracien DUHAMEL.
BUISINE Marguerite (1685 Santes – 1699 Santes)
BUISINE Micheline (1690 Santes – 1690 Santes)

- DEHULLU Nicolas né à Santes en 1663 de Jacques et de Anne FREMAUX.
Il épousa à Santes en 1689 Micheline MASURE dont il eut neuf enfants. Il décéda à Santes en 1709 et le curé lui refusa la sépulture ecclésiastique pour hérésie.

- DEHULLU Marie née à Santes en 1665 fille de Jacques et de Anne FREMAUX.
Décédée à Santes en 1725.
Elle épousa en 1690 à Santes Jean BURETTE, décédé à Santes en 1730 et inhumé dans l’église St-Pierre de Santes, dont elle eut trois enfants :
BURETTE Jacques né à Santes en 1690
BURETTE Marie Madeleine née à Santes en 1695. Elle épousa le 3 février 1718 à Cadzand (NL) Louis LEMAHIEU né à Wambrechies, décédé à Cadzand le 14 novembre 1737. Elle décéda à Cadzand le 7 janvier 1732. Elle eut au moins deux fils Abraham et Isaac.
BURETTE Jean-François né à Santes en 1699 et décédé à Santes en 1715.
Marie DEHULLU était à Lille le 6 avril 1709 avec son mari Jean BURETTE et deux enfants pour la renonciation publique. Elle aurait quitté Santes en 1713 avec sa famille mais serait rentrée peu après. Seule sa fille Marie-Madeleine BURETTE resta en Hollande.

- DEHULLU Marie Madeleine née à Santes en 1670 fille de Jacques et de Anne FREMAUX.
Elle épousa en décembre 1697 à Cadzand (NL) Arnould DUHAYON né à Wavrin d’Arnould et de Marie LESI.
Elle fut la première de la famille DEHULLU à partir pour Cadzand.

- DEHULLU Antoine né à Santes en 1675 fils de Jacques et de Anne FREMAUX.
Il décéda à Santes en 1709 et le curé lui refusa la sépulture ecclésiastique. Il eut de Marie Anne DELAHAYE une fille Jeanne DEHULLU baptisée le 26 février 1710 à l’église réformée de Lille. Sa veuve Marie Anne DELAHAYE partit pour la Hollande où elle épousa en 1723 à Cadzand un autre Santois Jean DELAHAYE.

- DEHULLU Jean né à Santes en 1666 de Jean et de Marie STRAIN. (Jean DEHULLU marié à Marie STRAIN est le frère de Jacques DEHULLU marié à Anne FREMAUX)
Il épousa à Santes en 1693 Catherine Françoise BUISINE fille de Jacques et d’Antoinette TREHOU dont il eut six enfants :
DEHULLU Marie Catherine née à Santes en 1695. Elle épousa le 14 mai 1718 à Groede (NL) Mathieu DELAHAYE né à Santes. Elle décéda à Groede le 31 mars 1722.
DEHULLU Pierre Antoine né à Santes en 1896. Il épousa à Groede le 19 avril 1721 Marie Angélique BETRE, née à Warneton. Il décéda à Groede le 20 février 1733.
DEHULLU Antoinette née à Santes en 1698. Elle décéda à Groede le 15 novembre 1720.
DEHULLU Jean (1700 Santes – 1700 Santes)
DEHULLU Marie Anne (1701 Santes – 1704 Santes)
DEHULLU Jean-Baptiste né en 1704 à Santes. Il décéda le 3 décembre 1720 à Groede.

Jean était présent à Lille le 6 avril 1709 pour la renonciation publique avec sa femme et ses quatre enfants. Ils partirent en 1713 pour Cadzand avant de s’installer dans le village voisin de Groede. Jean DEHULLU y décéda la 24 janvier 1723 et son épouse le 3 décembre 1720.

- DEHULLU Jacques né à Santes en 1669 de Jean et de Marie STRAIN.
Il épousa en 1705 Jeanne Françoise CORNILLE née à Santes en 1662 de Bernard et de Marie Madeleine DEROULERS.
Il était avec sa femme à Lille le 6 avril 1709 à la renonciation publique. Il partit avec sa femme pour la Hollande en 1713. Mais ils revinrent à Santes où il décéda en 1733 et elle en 1731. Elle se fit inhumer dans l’église St-Pierre.

Famille CORNILLE
- CORNILLE Nicolas né en 1651 à Santes de Bernard, lieutenant de Santes, et de Marie Madeleine DEROULERS. Il eut au moins cinq enfants :
CORNILLE Jacques demeurait en 1732 au Palatinat Electoral en Allemagne. Il y était fermier de la métairie de Mörlheim près de Landau.
CORNILLE Catherine épousa Jacques DEREMAUX. Il était également fermier de la métairie de Mörlheim.
CORNILLE Jean vivait aussi au Palatinat Electoral et était bourgeois de la ville de Winden au sud de Landau.
CORNILLE Rachelle, décédée avant 1732. Elle avait épousé Pierre HERBIN, bourgeois de Schleithal en Alsace, dont elle eut quatre enfants.
CORNILLE Françoise avait épousé Jacques LUROT bourgeois de Bischwiller en Alsace.

- CORNILLE Françoise née à Santes en 1667 de Bernard, lieutenant de Santes, et de Marie Madeleine DEROULERS. Elle épousa Jean DEHULLU dont elle eut quatre enfants et décéda à Santes en 1707. Son mari et ses enfants partirent en 1713 en Hollande.

- CORNILLE Jeanne Françoise née à Santes en 1662 de Bernard, lieutenant de Santes, et de Marie Madeleine DEROULERS. Elle épousa en 1705 Jacques DEHULLU dont elle n’eut pas d’enfant. Elle était à Lille avec son mari le 6 avril 1709 pour la renonciation publique. Elle décéda à Santes en 1731.

Famille COGET
- COGET Pierre né à Emmerin épousa à Santes en 1689 Marie Françoise ROUSSEL. Elle décéda à Cadzand (NL) le 3 septembre 1726. Ils eurent trois enfants :
COGET Pierre né à Santes en 1689
COGET Marie Françoise née à Santes en 1691. Elle épousa à Cadzand (NL) le 29 avril 1717 Isaac BEHAGUE né à Quesnoy-sur-Deûle et décédé à Cadzand le 4 avril 1736.
COGET Marie Catherine née à Santes en 1693. Elle épousa à Cadzand le 30 août 1716 Jean Baptiste BLANQUART.
Pierre était présent à Lille le 6 avril 1709 avec sa femme et deux enfants pour la renonciation publique. Il partit en 1713 à Cadzand avec sa femme et ses deux filles Marie Françoise et Marie Catherine.

Famille PINTE
- PINTE Jean né à Santes en 1652 de Gabriel et de Catherine MAHIEU. Il épousa en 1678 à Santes Marie-Catherine DEPREMECQUES dont il eut six enfants :
PINTE Pierre né à Santes en 1679
PINTE Jean né à Santes en 1681. Il épousa Elisabeth DECLERCQ. Il fut témoin à Groede en 1732 au mariage de sa sœur Marie Madeleine.
PINTE Marie Catherine née à Santes en 1685
PINTE Marie Françoise née à Santes en 1687
PINTE Jacques né à Santes en 1689
PINTE Marie Madeleine née à Santes en 1694. Elle épousa le 1er juillet 1725 à l’église réformée wallonne de garnison de Menin (Belgique) Nicolas DEROULERS né à Santes dont elle eut un fils. Elle épousa en secondes noces à Groede (NL) le 31 mai 1732 Jean DEHULLU né à Santes de Jean et de Françoise CORNILLE. Elle décéda à Groede le 30 mai 1734.

Jean PINTE était présent avec sa femme et quatre enfants à Lille le 6 avril 1709 pour la renonciation publique. Il quitta Santes avec sa famille pour Nieuwvliet (NL) où il demeurait en 1713. Il vint à Santes en juillet 1713 et en 1714 pour vendre des terres.

- PINTE François né à Santes en 1655 de Gabriel et de Catherine MAHIEU. Il épousa en 1674 à Santes Marguerite DELEVALLEE, décédée en 1681 à Santes dont il eut trois enfants :
PINTE François né à Santes en 1674.
PINTE Jean né à Santes en 1677. Il épousa à Santes en 1702 Anne HAZEBROUCQ fille de Laurent et de Jeanne LEFEBVRE. Le frère d’Anne était protestant. Il semble qu’il soit le deuxième Jean PINTE mentionné avec sa femme et quatre enfants présent à Lille le 6 avril 1709 pour la renonciation publique. Il pourrait avoir quitté Santes en 1713 mais si ce fut le cas il revint et il décéda à Santes en 1739 et son épouse en 1742. Ils eurent cinq enfants :
.PINTE Marie Anne née à Santes en 1702 (mariée à Santes en 1733)
.PINTE Jean-François né à Santes en 1704 (marié à Santes en 1733)
.PINTE Pierre né à Santes en 1706 (décédé à Santes en 1742)
.PINTE Antoine né à Santes en 1708 (marié à Santes en 1743)
.PINTE Jacques François né le 19 juin 1712 et baptisé le même jour à l’église réformée de Lille (parrain : Jean PINTE, marraine : Marie Madeleine BURETTE). Il fut rebaptisé le 25 octobre 1713 selon le rite catholique par le curé de Santes Philippe DE PARIS. (Il se maria à Santes en 1743).
PINTE Marguerite née à Santes en 1680.

François PINTE épousa en secondes noces en 1682 à Santes Marie ROHART décédée à Santes en 1695, dont il eut deux enfants :
PINTE Valérien né à Santes en 1683
PINTE Jean François né à Santes en 1687, décédé en 1709. Le curé de Santes lui refusa la sépulture ecclésiastique.
François PINTE est décédé à Santes en 1709 et le curé Philippe DE PARIS lui refusa la sépulture ecclésiastique. Un PINTE François était présent le 6 avril 1709 à Lille pour la renonciation publique. Un PINTE François quitta Santes pour la Hollande (peut-être son fils aîné).

- PINTE Jacques né à Santes en 1664 de Jean et de Gabrielle HERNEQUEAU. Il épousa à Santes en 1690 Anne DEMAUGRE décédée en 1694 dont il eut deux enfants.
PINTE Marie Jeanne née à Santes en 1691.
PINTE Marc Antoine né à Santes en 1693. Il décéda en 1712 et le curé de Santes lui refusa la sépulture ecclésiastique.
Il épousa en secondes noces en 1695 à Hallennes-lez-Haubourdin Jeanne BIRLOUEZ dont il eut trois enfants : Marie Joseph (1697 Santes – 1697 Santes), Marie Catherine (1697 Santes – 1699 Santes) et Jacques François (1701 Santes – 1710 Santes)

- PINTE Jacques eut de Marie CAQUANT au moins trois enfants illégitimes :
PINTE Marie Marguerite née à Santes en 1707
PINTE Jean François né à Santes en 1708
PINTE Jacques né le 18 juillet 1711, baptisé le 19 juillet à l’église réformée de Lille (parrain : Michel DURIEZ – marraine : Marie Catherine DEHULLU).
Un Jacques PINTE était présent avec trois enfants à Lille le 6 avril 1709 pour la renonciation publique. Un Jacques PINTE est parti en 1713 pour la Hollande.

- PINTE Simon né à Santes en 1637 d’Engrand et de Barbara HAZEBROUCQ. Il épousa en 1664 à Santes Gabrielle DURIEZ dont il eut une fille Adrienne née illégitime quatre mois avant le mariage. Il partit s’installer en Allemagne au Palatinat Electoral. Il demeurait en 1680 à Mannheim.

Famille CAQUAN
- CAQUAN Jacques épousa à Santes en 1670 Marguerite BUISINE dont il eut neuf enfants. Il décéda à Santes en 1711 et le curé lui refusa la sépulture ecclésiastique. Son épouse décéda à Santes en 1722.

Famille HAZEBROUCQ
- HAZEBROUCQ Jean né à Santes en 1661 de Laurent et de Jeanne LEFEBVRE. Il décéda en 1712 à Santes et le curé lui refusa la sépulture ecclésiastique. Sa sœur Anne épousa Jean PINTE.

Famille LEGRAND
- LEGRAND Jacques Florent (1665 Santes – 1730 Santes) épousa en 1695 à Santes PARQUET Elisabeth (1668 Santes – 1746 Santes) dont il eut douze enfants. Le onzième Abraham LEGRAND né le 9 janvier 1711 fut baptisé à l’église réformée de Lille le 11 janvier 1711 (parrain : Nicolas DEROULERS, marraine : Angélique DESRAMEAU). Il fut rebaptisé selon le rite catholique le 25 octobre 1713 par le curé de Santes Philippe DE PARIS.

Famille DELOBEL
- DELOBEL Pierre, demeurant à Santes, fils de Pierre, épousa en 1680 Marie DEHENNIN demeurant à Ligny fille d’Antoine et de Catherine BILLAUD. Ils eurent cinq enfants : Pierre en 1681, Marie Françoise en 1684, Gilles (1685-1698), Jean-Baptiste en 1687 et Marie Catherine en 1691. Pierre DELOBEL et son épouse furent tous deux privés de sépulture ecclésiastique pour hérésie, lui en 1707 et elle en 1711.
Un DELOBEL est mentionné parmi ceux qui fuirent en Hollande en 1713 et était présent à Groede.

Famille DELAHAYE ou DELEHAYE
- DELAHAYE Venant décédé en 1700 fut privé de sépulture ecclésiastique par le curé de Santes.

- DELAHAYE Nicolas épousa à Santes en 1678 Marie Madeleine BURIETZ dont il eut cinq enfants :
DELAHAYE Nicolas né en 1680 à Santes fut privé de sépulture ecclésiastique en 1708.
DELAHAYE Marie Anne née à Santes en 1682
DELAHAYE Marie Alberte née à Santes en 1685
DELAHAYE Marie Elisabeth née à Santes en 1688
DELAHAYE Jean Baptiste né à Santes en 1690 fut privé de sépulture ecclésiastique en 1711.

Le 6 avril 1709 à Lille pour la renonciation publique étaient présents DELAHAYE Nicolas, sa femme et deux enfants ainsi que DELAHAYE Marianne et Albertine, semble-t-il ses deux autres filles. Nicolas décéda à Santes en 1710 et fut privé de sépulture ecclésiastique par le curé.
Marianne et Albertine DELAHAYE partirent en 1713 pour la Hollande. Marianne décéda en septembre 1737 à Cadzand (NL) épouse en troisièmes noces de Jean-Marc POULET et Albertine décéda à Cadzand en janvier 1742. Marianne ou Marie Anne avait eut d’Antoine DEHULLU une fille Jeanne baptisée à l’église réformée de Lille, puis elle avait épousé à Cadzand le 6 novembre 1723 Jean DELAHAYE, semble-t-il son cousin, veuf de Marie Agnès LELEU.

- DELAHAYE Jean épousa en 1683 à Santes Marie Catherine POLICQUE décédée en 1712 et privée de sépulture ecclésiastique. Ils eurent sept enfants : Marguerite née en 1684, Jean François né en 1685 et privé de sépulture ecclésiastique en 1712, Marie Françoise née en 1686, Michel né en 1688, Antoinette née en 1689, Marie Françoise née en 1691 et Anne Joseph née en 1697.
Jean DELAHAYE, sa femme et quatre enfants étaient à Lille le 6 avril 1709 pour la renonciation publique.

- DELAHAYE François épousa à Santes en 1674 Barbara MASURE dont il eut neuf enfants :
DELAHAYE Pétronille née en 1674 à Santes
DELAHAYE Marie Barbara (1676 Santes -1692 Santes)
DELAHAYE Jean né en 1678 à Santes. Il épousa le 8 avril 1717 à Cadzand (NL) Marie Agnès LELEU d’Herlies, dont il eut au moins une fille Marie. Il épousa en secondes noces le 6 novembre 1723 à Cadzand Marie Anne DELAHAYE veuve d’Antoine DEHULLU. Il décéda à Cadzand le 12 décembre 1732.
DELAHAYE Jeanne (1679 Santes – 1699 Santes)
DELAHAYE Pierre né à Santes en 1681
DELAHAYE Jacques né à Santes en 1683.
DELAHAYE Jacques François né à Santes en 1685. Il épousa à Cadzand (NL) le 17 juin 1717 Jeanne DELOBEL native de Cadzand, dont il eut au moins quatre enfants Abraham, Jacob, Marie et Jeanne. Il décéda à Cadzand le 1er octobre 1746.
DELAHAYE Mathieu né à Santes en 1687. Il épousa le 14 mai 1718 à Groede (NL) Marie Catherine DEHULLU née à Santes fille de Jean et de Catherine BUISINE.
DELAHAYE Marie Anne née à Santes en 1690. Elle épousa le 24 décembre 1716 à Cadzand (NL) Guillaume LOTIGIE né à Quesnoy-sur-Deûle, dont elle eut au moins un fils Isaac. Elle épousa en secondes noces à Cadzand le 19 août 1720 Jean Pierre DUMONT de Wambrechies.

François DELAHAYE, sa femme et cinq enfants étaient à Lille le 6 avril 1709 pour la renonciation publique. Ils partirent ensuite pour la Hollande en 1713.

Famille MILLECAMPS
- MILLECAMPS François, né à Santes en 1682 de Pierre et de Jeanne BONDUEL, était présent à Lille le 6 avril 1709. Il partit pour la Hollande et vendit des biens en février 1713 avant son départ. Un MILLECAMPS de Santes était présent à Groede en 1710.

Famille BOULART
- BOULART Claire (orthographié BOUILLART) était présente avec deux enfants à Lille le 6 avril 1709 pour la renonciation publique. Sur la liste des Santois sauvés en Hollande est mentionnée une Claire BROUILLARD mais partie avec deux sœurs (?). Si elle est effectivement partie en Hollande, elle est ensuite revenue car elle est décédée à Santes en 1723.
Elle avait épousé en premières noces en 1666 à Santes Jean MAILLE dont elle eut deux enfants, puis en 1670 à Santes en secondes noces Antoine BUISINE dont elle eut huit enfants et en troisièmes noces en 1698 à Santes Pierre MILLECAMPS veuf de Jeanne BONDUEL.

Famille BUISINE
- BUISINE Michel et sa sœur étaient à Lille le 6 avril 1709 pour la renonciation. Un BUISINE Michel est mentionné sur la liste des Santois partis pour la Hollande.
Il pourrait s’agir de Michel BUISINE né en 1672 à Santes d’Antoine et de Claire BOULART.

- BUISINE Jacques Albert et sa sœur Catherine Françoise sont les enfants de Jacques et d’Antoinette TREHOU. Jacques Albert épousa Anne DEHULLU et partit avec sa fille en Hollande. Catherine Françoise épousa Jean DEHULLU et partit pour Groede.

Famille DEROULERS
- DEROULERS Nicolas, né à Santes en 1679 de Nicolas décédé en 1708 et d’Isabelle ROMON décédée en 1709, était à Lille le 6 avril 1709. Il quitta Santes et épousa le 1er juillet 1725 à l’église réformée wallonne de garnison de Menin Marie-Madeleine PINTE née à Santes de Jean et de Marie-Catherine DEPREMECQUES. Ils eurent un fils Nicolas. Nicolas DEROULERS, père, décéda peu après et sa veuve Marie Madeleine PINTE épousa en secondes noces à Groede en 1732 Jean DEHULLU. Nicolas DEROULERS, fils, vivait à Groede en 1735.

La famille HERLAND ou HARLAN
Une autre famille Santoise, les HERLAND, orthographié aussi HARLAND puis HARLAN, compte aussi des exilés huguenots parmi leurs descendants, même si au moment de leur départ ces derniers n’habitaient plus à Santes.
Famille de fermiers présente à Santes depuis au moins le XIVème siècle jusqu’au début du
XVIIIème, les HERLAND sont par les femmes les ancêtres de nombreuses familles santoises : les PINTE, DECARNIN, BARRET, BUISINE, CORBEIL, CORDA, BERNARD, GILLON, FACON, AVINEE, BOURREZ, WAMBRE, HAZEBROUCQ, DELAVA, BURETTE… Un des membres de la famille HERLAND, Thomas, est l’arrière-grand-père de Marie BATAILLE et de Françoise CORNILLE, les deux premières épouses de Jean DEHULLU (voir plus haut). Son frère Guillaume HERLAND est le grand-père de Pierre HERLAND, un des derniers de cette famille vivant à Santes. Pierre décédé en 1683 à Santes eut un fils François qui s’installa à Houplines avec son épouse Catherine GHESQUIERES dont deux filles Marie et Jeanne restèrent à Houplines alors que deux garçons, Jean né en 1665 et François né en 1668 partirent pour l’Allemagne, où ils épousèrent des Huguenotes. François épousa le 13 juillet 1698 dans le Temple de la Communauté Réformée Wallonne de Magdebourg Catherine DUBOIS née en Suède à Tierp. Jean épousa le 4 février 1689 à Bergholz Marie LEJEUNE.
Les deux frères s’installèrent dans le Brandebourg où leur nom fut orthographié HARLAN. La descendance de Jean compte le cinéaste allemand Veit HARLAN (1899-1964) réalisateur entre autres du film de propagande « le Juif Süss » et sa nièce l’actrice Christiane Suzanne HARLAN épouse du réalisateur Stanley KUBRICK (Spartacus, Les sentiers de la gloire, 2001 l’Odyssée de l’espace, Orange mécanique…).

Sources :
- LOTTIN Alain. La révolte des Gueux en Flandre, Artois et Hainaut.
- LOTTIN Alain et GUIGNET Philippe. Histoire des Provinces Françaises du Nord. Tome III
- COPPENS Thera. Buren, Egmond en Oranje.
- HERMANS Fernand. Filips Willem van Oranje.
- DE HULLU Johannes & MINET William. Register of the Walloon Church of Cadzand in Holland 1685-1724. Publications of the Huguenot Society of London. XXXVI. Butler & Tanner LTD. Frome – 1934.
- DE HULLU Johannes. Registers of the Protestant Churches of Lille 1708-1713, Bethune 1711-1712 and Mons 1713-1715. Huguenot Society’s Proceedings. Spottiswoode, Ballamtter & co. LTD. Colcheester, London, Eton.
- DE HULLU Johannes .Geslachtsregister van de familie   DE HULLU 1627-1897. Deventer Jac Van Der Meer. Nederland. 1897.
- Archives Municipales de Santes. GG4. Liste des défunts privés de sépulture ecclésiastique pour hérésie. Dernière page du registre
- Archives Départementales du Nord. 2E3 tabellion 7393/25, 26 et 30, 33, 7393/46, 7393/76, 7393/96, 7408/122, 7407/53, 7410/78, 88, 8442/20/27 et 28
- Nord Généalogie. N°126. 1994/1. p. 5 : Les protestants du nord de la France réfugiés à l’étranger.
- Ingrid BUCHLOH. « Die Harlans. Eine hugenottische Familie » Geschichtsblätter der Deutschen Hugenotten-Gesellschaft. Bad Karlshafen. 2007